Lutte contre l’insécurité et pratiques matrimoniales : l’exemple des alliances coutumières ciraamba dans les Cascades au Burkina Faso

Résumé

Résumé

Entre 2016 et 2021, le Burkina Faso a été profondément touché par la crise sécuritaire, à l’exception notable de certaines zones comme la région des Cascades, qui a connu une relative stabilité malgré l’insécurité généralisée. Le choix d’étudier cette région se justifie par le fait qu’elle représente un cas singulier de résilience, où les pratiques culturelles, en particulier les alliances coutumières ciraamba, semblent avoir contribué à limiter l’expansion de la violence. Cette recherche mobilise une approche théorique anthropologique et sociologique pour analyser le rôle de ces mécanismes endogènes dans la cohésion sociale et la sécurité communautaire. La méthodologie combine une approche qualitative (entretiens oraux avec des chefs de famille, des leaders coutumiers et des femmes impliquées dans les alliances matrimoniales) et une approche quantitative (données sur le nombre et la répartition des mariages intercommunautaires). Une analyse documentaire (rapports, archives locales et travaux académiques) a complété l’étude. L’échantillon retenu concerne principalement les communautés dites « sœurs » du ciraamba (Sénoufo, Karaboro et Curama), avec environ 20 ménages et 5 leaders coutumiers interrogés dans plusieurs villages des Cascades. Les résultats montrent que ces alliances, fondées sur la dot, les échanges et l’interconnexion des familles, renforcent la solidarité, préviennent les conflits internes et limitent l’infiltration des groupes armés. Cependant, l’arrivée massive de populations déplacées depuis 2022 fragilise cet équilibre. Les alliances coutumières ciraamba apparaissent comme un mécanisme de résilience et de sécurité communautaire, dont la pertinence dépend de la sauvegarde des valeurs culturelles et de leur adaptation aux mutations sociales.

Mots-clés : Société – insécurité – mariage – alliances coutumières –

Abstract

Between 2016 and 2021, Burkina Faso was deeply affected by the security crisis, with the notable exception of certain areas such as the Cascades region, which experienced relative stability despite widespread insecurity. The choice of this region as a case study is justified by its unique resilience, where cultural practices, particularly the ciraamba customary alliances, appear to have contributed to limiting the spread of violence. This research is grounded in anthropological and sociological theoretical approaches to analyze the role of these endogenous mechanisms in fostering social cohesion and community security. The methodology combines a qualitative approach (oral interviews with household heads, customary leaders, and women involved in matrimonial alliances) and a quantitative approach (data on the number and distribution of intercommunity marriages). A documentary review (reports, local archives, and academic works) completed the study. The sample focused mainly on the so-called “sister communities” of the ciraamba system (Senufo, Karaboro, and Curama), with approximately 20 households and 5 customary leaders interviewed across several villages in the Cascades. The findings reveal that these alliances, based on bridewealth, exchanges, and family interconnections, strengthen solidarity, prevent internal conflicts, and limit the infiltration of armed groups. However, the massive influx of displaced populations since 2022 has weakened this balance, highlighting the current challenges linked to economic pressures and cultural transformations. Ciraamba customary alliances emerge as a mechanism of resilience and community security, whose relevance depends on the preservation of cultural values and their adaptation to contemporary social changes.

Key words : Society - Insecurity - wedding - customray alliances.